• Le paysage défilait sous mes yeux, comme chaque matin et chaque soir. Rien d'inhabituel. Juste un trajet monotone qui berce la routine de ma vie. J'étais toujours assis à la même place et chaque début de journée était rythmé par l'appréhension de le revoir. Je fermais toujours mes yeux quand on entrait dans le grand tunnel. Et son visage me hantait. Dans ces moments-là, je me sentais faible, comme si il pouvait contrôler mes pensées. Me détruire de l'intérieur. Il n'en avait sûrement pas conscience, de tout ce que j'éprouvais à son égard. Non, et il ne s'intéressait, je pense, pas à moi. Du moins, pas comme je m'intéresse à lui. Jamais il ne le saurait. Jamais il n'apprendrait que dès que je le voyais mon cœur s'accélérait, que dès que je le voyais, je voulais qu'il me voit, qu'il me sourit. Je voulais qu'il ressente la même chose que moi. Cette passion que je vis seul. Cette horrible sentiment d'être rejeté par la plus belle chose que je puisse voir, par celui qui, à mes yeux est, ridiculement, le plus important. Je m'emplis de faux espoirs, que cette fougue soit partagée, qu'il ait, tout comme moi, envie de se jeter sur moi dès que nos regards se croisent. Je m'accroche désespérément au fait que je puisse avoir une chose, mais personne ne veut d'un gay comme moi. Et sûrement pas toi.

     

    Mon cœur se brise, comme chaque matin et chaque soir. Rien d'inhabituel. Non, j'ai l'habitude des rejets, des moqueries, de tout ce que peut me gâcher la vie. Je supporte ton ignorance, leur ignorance. Je vis comme je suis en espérant que je pourrais un jour me défaire de ton emprise. Je survis en pensant que je trouverais quelqu'un qui te surpasse et qui voudra bien de moi. Je rêve qu'un jour le monde me voit comme un être humain qui leur est égal. Qu'il me voit comme je suis.

     

     


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  • Elle m'avait appris, plein de choses. Les plus importantes pour moi. Elle m'avait appris, des choses, pour que ma vie soit moins sombre. Elle m'avait appris à aimer. Et je n'était plus seul.

     

    Elle avait ouvert mon esprit. Elle m'avait ouvert les yeux. Je voyais tout différemment. La vie me semblait mieux. J'étais dans mon monde, car je n'étais heureux que quand je m'évadais. Une moindre chose, devenait une incroyable aventure qui pimentait ma vie. Elle m'avait appris à imaginer, et à ne pas en avoir honte. J'étais horriblement bien, quand j’étais avec elle. Et je n'avais jamais ressenti ça. J'oubliais le mépris de mes parents, de mes sœurs, de mes camarades de classe. Je n'étais qu'un enfant, mais je n'étais pas idiot. Elle, elle le savait, et elle aurait tout fait pour moi. Elle me protégeait, elle avait toujours les mots qu'il fallait.

     

    On avait notre endroit. Au bord de cette rivière, il y avait notre corde, elle était magique, elle ne pouvait se casser. Elle nous aidait à traverser la rivière. On s'asseyait parfois pendant des heures, jouant avec nos reflets, imaginant que les arbres devenaient géants. Apercevant les ombres courant dans la forêt mais surtout dans nos esprits. On avait cette cabane en haut de ce magnifique chêne. On y grimpait et on guettait avec attention, notre royaume, préoccupés à l'idée que des ennemis nous attaquent. Ensemble, on était heureux, on vivait.

     

    Ce fut si brusque que je ne réalisa pas tout de suite. On m'appris, ce soir là, alors que je rentrait, qu'elle n'était plus de ce monde. Ni du nôtre, ni du leur. Elle était juste partie, si vite. Tout c'est anéanti. Ce n'était que leurre, rien n'était magique, ni même la corde.

     


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  • Moi j'aime. Ce n'est peux être pas au top de la mode. Mais moi j'aime. Et c'est, pour moi, le plus important. Fermez les yeux, pendant 3 minutes. Juste l'instant d'une musique. Sentez, vivez la musique. Imaginez vous, frottant ces cordes. Frémissez devant toute cette harmonie. Savourez ces trois précieuses minutes. Ne pensez plus. Imaginez juste. Tout ce que vous auriez pus faire. Pensez aux inombrables endroits que vous aimeriez voir. Regardez juste la vie sous un bon angle. Planez, car vous ne pourrez jamais voler.

     

    Maintenant ne pensez plus. Souriez. Choisissez ce que vous voulez être. Ce que vous voulez faire. Laissez vos oreilles prendre du plaisir, sans aucun autre bruit. Et attendez, la fin, qui arrive trop vite.

     


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  • Son visage était blême. Sans aucune expression. Juste peut-être une certaine sérénité. Les yeux clos, je n'entendais même pas sa respiration à travers de ces horribles "bip". Si constant, si stressant, si lassant. Ma main, serrant si fort la sienne. Je la retenais. Je croyais, que si je la lâchais, elle tomberait dans le précipice et je ne pourrais plus jamais la récupérer. Si elle tombait dans le gouffre, alors je tomberais, genoux à terre, incapable de me relever. Je lui murmure tout ce qui me passe par la tête tout ce que je peux raconter. Et même si ma gorge s'assèche, si mes yeux sont lourds, même si j'ai une atroce migraine je continue à lui parler. Je revis toutes les scènes de films où le héros prononce une certaine phrase et l'autre se réveille, comme par magie. Je puis vous affirmer quelque chose, ça ne marche pas. La vie n'est pas un film. Les personnages principaux de ma vie ne survivent pas. Elle est tout ce qui me reste. Et si je la perdais, je serais maudis à jamais. Si elle me quittait, je pleurerais toutes les larmes de mon corps et toutes celles qu'elle aurait dû pleurer. Je caresse ses cheveux doux, puis sa peau, froide. Mes yeux se ferment, je lutte, mais rien n'y fait, je m'endors. Je rêve. Rêve qu'elle est avec moi, debout, à mes côtés. Elle sourit, rayonne, rigole, profite de la vie, avec moi. Le soleil nous éclaire. Je sens la douce chaleur sur mes bras nus. Je plisse les yeux tant il est intense. Elle court, je la rattrape, mais elle ne s'arrête pas. Elle cri quelque chose: "Ne m'oublie pas". Je ne comprends pas. Pourquoi l'oublierais-je? Elle est là, avec moi. Elle est la plus belle chose au monde que j'ai. Elle est ma femme. Comment pourrais-je oublier ses traits délicats? Ses cheveux blond? Sa fine silhouette? Comment pourrais-je ? Elle court, toujours, me distance petit à petit, puis elle arrive au bord de la falaise, trop près du bord. Elle ne s'arrête pas.

     

    Je me réveille en sursaut. Instinctivement je la regarde, inquiet. Mais elle n'a pas bougé. Elle est toujours avec moi. Les "bips" continuent inlassablement. Ils se font de plus en plus rapprochés, il s'accélèrent, une alarme se déclenche. Je sers encore plus fort sa main. La mienne devient moite et s’engourdit. Les infirmières font irruption dans la pièce. J’aperçois une certaine anxiété sur leur visage. Le médecin arrive. Il me demande de sortir. Mais je ne peux pas la lâcher. Je ne peux pas l'abandonner. Elle va tomber. Il me repousse. Un massage cardiaque s'engage, si violent et sauvage. Je vois son corps faire des bonds, propulsé par des spasmes. Puis suivi de ce grand raffut, un long silence. Juste un bruit long et constant. Le bruit. Une heure: "20 heures 40". Cette heure. Puis un mot qui résonne sans que je puisse l'entendre: "Désolé". Je ne veux pas l'entendre. Je reste là, la bouche entrouverte, un regard horrifié posé sur son corps. Sur son cadavre. Alors, je réagis. Je cours, sans m'arrêter, vers la fenêtre. Et je ne m'arrêterais pas.

     


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  • Est ce que j'aime écrire?

     

    J'aime la vitesse de mes doigts tapant frénétiquement sur mon clavier. J'aime le petit cliquetis que cela produit. J'aime la danse qu'ils font. J'aime voir les lettres apparaitre. J'aime la musique qui résonne dans mes oreilles. J'aime me sentir isolée. J'aime pouvoir me changer les idées. J'aime ne plus rien avoir dans la tête. J'aime vider mon esprit.

     

    J'aime mes drôles d'idées. J'aime pouvoir comprendre la façon de voir les choses d'autrui. Et j'aime le retranscrire avec mes mots. J'aime les histoires. J'aime l'imagination. J'aime inventer. J'aime me sentir quelqu'un d'autre. J'aime les personnages derrière lesquels on peut se cacher. J'aime les émotions. J'aime la noirceur, le malheur, la peine. J'aime l'exaltation, la fierté, la jouissance. J'aime les frissons. J'aime jouer avec.

     

    J'aime être inspirée. J'aime pouvoir m'exprimer. J'aime ne pas être jugée. J'aime me sentir différente. J'aime savoir faire quelque chose bien. J'aime qu'on aime ce que je fais. J'aime qu'on s’intéresse une seconde à moi, à ce que je fais.

     

    J'aime écrire, pas ce que j'écris.

     

    Et je déteste me relire.

     


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