• Fou

    Je ne me souviens de rien. Absolument rien. Le trou noir, un grand vide dans mon esprit. Je cherche, à m'en donner des migraines, mais rien ne vient. Je me souviens de rien. Mais dans ce cas... Pourquoi ai-je la réelle impression d'avoir tué quelqu'un ? Cela peut paraître fou. On ne me croit sûrement pas, mais c'est bien vrai ! J'ai tué quelqu'un. Évidemment je ne sais pas qui, comment, où. Peut-être en ai-je tué plusieurs ? Allez savoir. Je dois maintenant retrouver la mémoire, mais je n'ai aucune idée de comment faire. Vraiment aucune. J'ai peur, je tourne en rond, je ne peux pas rester tranquillement assis sur une chaise, je regarde à ma fenêtre, deviens paranoïaque. Je me renferme sur moi même, plus que je ne l'étais déjà. Je ne réponds pas au téléphone ni au e-mail. Je ne donne tout simplement pas de nouvelles. Je ne dors plus. Guette les moindres faits et gestes. Je deviens littéralement fou. Fou à cause d'une chose que j'ai faite mais dont je ne me souviens de rien. Et si ce n'est qu'une illusion ? Il le faut. Il faut que je retrouve la scène de crime. Il faut que je retrouve ce corps. Pour mon bien, pour ma santé mentale, bien que je sais qu'elle est déjà atteinte et que les dégâts sont déjà irréversibles. Je suis le plus lucide des fous. Cependant j'en perds la tête. Aucun souvenir ne me revient, c'est impossible de pouvoir sentir cette jouissance d'avoir tué mais de ne plus se rappeler. Ah, damnation! Quel infamie de ne pas pouvoir se rappeler de que je pense être la plus exaltante chose que j'ai faite. Pourquoi diable, mon cerveau ne veut se souvenir. On m'avait souvent prévenu qu'il était spécial. Mais je ne croyait pas tout ces soi-disant spécialistes. Mon cerveau avait tout de normal. Mon manque de sociabilité n'avait rien à voir avec un risque potentiel d'être sociopathe. Rien à voir ! Tout cela m’énervais, et je me déchainais maintenant sur ma vaisselle. Les assiettes que je jetais volaient gracieusement dans mon appartement, pour aller s’éclater contre le mur. Explosant en milles morceaux. Leurs éclats de verre transparents jonchaient sur mon sol, et brillaient sous les rayons du soleil. Ce spectacle qui ne durait qu'une petite heure, m’apaisait. Ensuite je recommençais, jetant tout ce qui me venait sous la main. Et pendant ce temps rien ne me revenait. Bientôt l'envie de tuer, enfin de re tuer, m’envahirait, petit à petit. Ca en devint une obsession. Je ne dormais toujours pas, ou peut-être inconsciemment. Mes pupilles étaient dilatées, mes yeux rouges, des cernes se tenaient comme des poches sous mes yeux, toujours de plus en plus lourdes. Je tremblais d’excitation. Car je le savais, que je le veuille ou non, j'allais tuer, tuer quelqu'un. Et ensuite je dormirais pendant trois jours et ne me rappellerai plus de rien. Ce serait le vide encore une fois, mais mon envie si pressante maintenant aurait disparu et comme un cercle vicieux elle reviendrait comme si de rien n'était. Assis sur le dossier de mon fauteuil préféré, je me balançais doucement les yeux grand ouvert fixant le vide. Je ricanais moi-même, bientôt ce qui me rendais complétement fou partirait de mon corps et une vie quittera la Terre. Ainsi va la vie et personne ne pourra jamais m’arrêter. Personne à part moi.

     

    Je me réveillais en sueur dans mon lit. Il régnait dans ma chambre et dans tout mon appartement une odeur insoutenable. Je ne me rappelait de rien et je me sentais plus ou moins lucide. Cela faisait maintenant 20 fois que survenait le trou noir. Je savais ce que j'avais fait, encore. Mais de plus en plus le sentiment de culpabilité prenait place dans mon esprit. La culpabilité me rongeait jusqu'à ce que l'envie de tuer revienne. Le problème étant qu'elle revenait de plus en plus vite. J'avais à peine le temps de souffler que déjà un vide dans mon esprit revenait. Je me sentais partir, comme si quelqu'un dont je n'ai conscience, prenait possession de mon corps. Je me regarda dans un éclat de mon miroir brisé. J'étais devenu squelettique, je pouvais presque flotter, j'étais blême, presque transparent. Un petit éclat fou brillait dans mes yeux, si bien que je me fis moi même peur. J'étais actuellement lucide, mais plus pour bien longtemps. Et si... Et si c'était la dernière fois que je pouvais avoir conscience que j'existe encore, que je suis encore vivant, que je ne suis pas qu'un tueur mais aussi un humain. Vingt victimes, si ce n'est pas plus. Que dirait mes défunts parents ? J'aurais dût finir dans un asile, en camisole, et même là, j'aurais peut-être encore pu tuer. Car j'en avait conscience, je devenais une bête, un animal sanguinaire. Je ne mangeais plus, je me nourrissais de sang. Je perdais la raison et mes rares moments paisible de lucidité étaient rongés par les remords, la culpabilité. Je ne m'amusais plus. Plus du tout.

     

    Je me réveille pour la dernière fois. Toujours cette horrible odeur. Depuis combien de temps ne me suis je pas douché ? Dur à dire. Mes mains sont exceptionnellement tâchées de sang. Je me redresse et vomis sur le sol. Je me sens mal, très mal. Je sens une haine monter en moi. Une haine si forte, si intense capable de tuer. Je me hais. Je me lève et fouille dans mes étagères, à la recherche de quelque chose mais je ne sais pas quoi. J'arrive dans mon salon. Je reste paralysé. Il y a là, deux pendus. Pendus par les pieds. Leurs gorges tranchées, leurs ventres ouverts, leurs visages déchiquetés. Tout leur sang est répandu sur mon plancher. Je fais quelques pas, je me sens pris de nausées, leurs boyaux ornent mon canapé et sont accrochés en guirlande au dessus de la cheminée. Je n'en peux plus. Je les massacre, maintenant chez moi. J'ai horriblement mal au cœur, je sens, une certaine fraicheur sur ma joue. Je pleurs. Je pleurs, pour la première fois depuis mes jeunes années. Je libère tout ce qui pèse sur moi, tout mes péchés, tout le mal que j'ai fait. Je me jette à genoux devant les deux pendus et les supplie, les supplie de me pardonner, de ne pas me châtier, comme un enfant ayant fait une bêtise. Je les regarde dans leur yeux crevés. Eux me regardent en souriant. Leur sourire figé, agrandi à l'aide d'un couteau bien aiguisé, un sourire, comme le Joker. Dans le sang se mélange maintenant toutes les larmes que je refoulais au fond de moi, de mon ancien moi. Je dois leur dire adieu. Ce sera court mais douloureux. Je dois dire au revoir à l'ancien moi. Mais aussi au nouveau. Je sors de ma poche un canif. Et d'un geste machinal qui m'est pourtant étranger, je me taille la gorge. Pile sur la jugulaire, bien que je n'ai jamais su ou elle se trouvait. Sourire au lèvres, visage imbibé de larmes, je m'éteins plus vite que je me suis allumé.


  • Commentaires

    1
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:03

    Alors si j'ai bien compris (si il y a quelque chose a comprendre) il recommence sa a chaque fois, indéfiniment, c'est comment dire ... Je tremble en lisant ce texte, et je commence a avoir la nausée, c'est la première fois qu'un texte me fait cette effet, et ce n'est pas désagréable, tu as réelle talent, bravo. 

    2
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:10
    Jusqu'a sa mort oui.
    Euh... et bien on ne m"a jamais dit ce genre de truc sur mon texte mais merci.
    3
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:38

    T'inquiète, mais le prend pas mal hein ! ^^

    4
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:41

    Non non, j'ai bien comprit que c'était possitif.

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    5
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:44

    Sa me rassure, d'ailleurs je viens a peine de ne plus avoir la nausé ^^ J'aime vraiment ce que tu fais ~ 

    6
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:52

    Je ne vois pas pourquoi mon texte te donnerais... Eum.. La nausée xD

    Et bien merci, je ne compte pas m'arreter d'écrire de sitôt. :)

    7
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:54

    Je suis chelou, faut pas chercher, le truc c'est que je m'imagine parfaitement les scènes, surtout celle des pendues ! Donc voilà ..

    8
    Samedi 8 Mars 2014 à 11:58

    Dit moi, c'est ecoeurant, ou bien effrayant ? Car comme on me demande du gore, j'ai essayer avec les pendus et je sais pas si ça le fait ?

    9
    Samedi 8 Mars 2014 à 12:05

    Eh bien moi ca ma plus donner une sensation d'écoeurant parce que je me sentant comme si j'étais le mec en question, mais après c'est certaine personne sa serait plus effrayant .. 

    10
    Samedi 8 Mars 2014 à 12:08

    D'accord, merci

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