• Dix heures sonnaient et les étoiles commençaient à percer nettement la nuit. Cette fraîcheur nocturne n’apaisait en rien les reproches brûlants mon âme. Les rides qui s’étaient creusées dans mes joues depuis ce temps là n’avaient fait qu’obscurcir mes visions amères. Mes poings vieux et meurtris souffraient en silence après chaque coup, encore, et toujours plus fort, contre cette innocente table. Rougis par la violence mais surtout de honte, ils n’exprimaient qu’un simple claquement qui aurait pu être sinistre dans les oreilles d’un autre. Tous mes muscles étaient tendus au maximum prêts à lâcher si je forçais plus. Mais cette douleur ne m’importait peu. La réelle n’était pas vraiment physique. Je pouvais briser tous les os de mon corps, déchirer tous mes muscles, me faire battre. Rien n’aurait été égal à ma souffrance de vivre. D’émettre chaque jours le bruit de vivre, de respirer, de simplement survivre encore. Je souffrais d’être coupable. Et la douleur augmentait au fur et à mesure que le temps passait. J’aurais pût. J’aurais dû savoir me maîtriser. Maîtriser cette voiture pour ne pas se faire percuter par l’autre.

    Alors que la souffrancesouffrance était devenue telle que je ne pouvais contenir mes larmes et le peu de fierté qu’il me restait, il passa devant moi. Assis sur mon escalier, à la vue de tout le monde, il fut le seul à s’arrêter. Sa figure innocente, naïve et encore pure n’exprimait aucun sentiment. Pas de pitié, ni même de compassion. Peut-être juste un air interrogateur. Cependant, cette langue bien pendue d’habitude ne dit rien. Pas un mot. Ni même un soupir. N’était audible que mes reniflements et mes sanglots refoulés. Il ne savait rien de moi, de mon histoire, de cette horrible perte qui rongeait mon cœur tous les jours. Il ne savait rien de tout ça. Et il ne demanda rien. Et alors que cette douleur indescriptible augmentait. Et que mes larmes coulaient à flot sur mes joues, traçant mes rides. Alors que tout espoir me semblait dorénavant impossible, il s’assit à côté de moi. Il me prit la main toujours sans un mot. Le regard plongé dans le mien il fit la moue et pleura. Avec moi, main dans la main, le petit pleura toutes les larmes de son corps pour accompagner les miennes. Il renifla bruyamment et pleura de plus belle. Ainsi, tout deux, sans liens, sans rien, et presque sans bruit nous pleurâmes ensemble.

     

     Sa bonté envahit mon cœur en quelques instants. Sa pureté lava mon âme, et bien que le manque fut toujours là, j’attendrais juste avec impatience le moment où je les rejoindrai. Comme si ses larmes avaient enlevé les démons qui me rongeaient. J’étais libre d’espérer. Et je redevenais gosse.

     


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  • Juste un petit article pour faire partager un très court texte que j'ai fait pour un concours (celui de Naerie).

    Il fallait intégrer les 6 mots en gras et dans cet ordre.

    Face à la colère de cet orage, la nature ne pouvait que se cacher, apeurée par la force surpuissante et mystérieuse qui se loge derrière ses immenses nuages noirs. Ce que la nature ne comprenait pas, c’est que tout n’était pas de sa faute, et que les cris de désespoirs que lançait l’orage étaient toujours accompagnés de larmes. Et que sa rage foudroyante, rendait en cendre de nombreuses choses. La nature ne comprenait pas toute la souffrance qui hantait cet orage. Elle le ne comprenait pas. Et elle n’éprouvait aucune pitié et ne pensait qu’à la vengeance. Face à ces deux éléments fiers, tout espoir de réconciliation était impossible.

      

    Bonne fin de vacances à tous. Pour ma part, je pars dimanche donc elles ne sont pas tout à fait terminées o/

    A bientôt les n'enfants.


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    Hurlant en silence son propre chant de misère, un monstre est prisonnier de son cauchemar.

    Il traînait ses lourdes pattes contre le sol qui craquait à chacun de ses pas. Le parquet hurlant et était le seul bruit qui émanait de cet appartement. Le silence lui était pesant et pour combler ce vide il soupirait de désespoir. Il avait oublié depuis bien longtemps son chant qui lui valut toutes les attentions. Toutes ses attentions qui lui avait apporté misère après gloire. On l’avait appelé monstre. On l’avait enfermé là, les portes et fenêtre cloisonnées de l’extérieur. Seul et dans une quasi obscurité il passait ses journées à passer son corps a travers les filets de lumière que laissait échapper les écarts entre les planches de bois. Il était prisonnier des humains, son cauchemar.

     

    Il est un tyran cherchant un peu d’air, pourquoi l’a-t-elle laissé sans un regard ?

    Sur son balcon, le monde à ses pieds. Un tyran pleurait. La force qu’il dégageait de lui devenait, de larmes en larmes les malheurs du monde. Quand les états d’âme d’un seul homme pouvaient changer le destin d’un million d’autre, on se gardait bien de faire quelconques remarques quand celui-ci réclamait un peu d’air meilleur. Au milieu de la peine il se demandait pourquoi secrètement et se refusait de laisser les doutes planer dans son esprit. Les cheveux perdus dans le vent, sanglots envolés, il retourna à son règne sans même un regard pour ses sujets.

     

    Lui-même est condamné à chanter pour nous, il ne peut nous voir, se moque de tout.              

    Au milieu de la foule. Presque silencieuse pour lui. Il est condamné à la scène. Perdant toute fierté et valeur il chantait toujours pour nous sa peine familière. Son désarroi et ses actes manqués. Il ne peut voir tout ce qu’il a raté. Tournoyant presque aussi gracieusement qu’une danseuse, il ravale ses sanglots sans le moindre bruit, continuant le show. Laissant les injures effleurés sa peau il se moque des cris déferlant, croyant avoir déjà atteint le fond.

     

    En le voyant si faible, nous crions en cœur : «  allez debout monstre de malheur ! »

    Allongé sur le sol froid d’hiver. Les yeux clos, il paraissait si faible. Son âme de petit garçon envolée, il songe maintenant au fait d’être un homme. Et alors que nous crions son futur, il ne veut rien entendre et préfère écouter son cœur souillé par les humains. Allez debout Homme, laisse toi guider par le vent de tes choix. Les choix ne furent pas les nôtres mais ceux de ces montres. Il marcha hésitant sur les pavés de la honte. Tombant dans les flaques du désarroi. Il avait choisi les portes du malheur.

     


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